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Les joies de la thèse
11 janvier 2015

Je suis libre

Je n'étais pas une lectrice de Charlie Hebdo. Je ne l'ai acheté qu'une seule fois, lors de la publication des caricatures de Mahomet. Les unes aperçues dans les kiosques me faisaient souvent sourire, voire rire, mais je suis incapable de dire si tel ou tel hommage est conforme ou non à l'esprit de Charlie Hebdo ou non. Je connaissais surtout les dessinateurs par leurs contributions dans les autres journaux et leur mort m'a réellement émue.  Les terroristes s'en sont pris à des hommes, mais aussi à un droit fondamental, celui de la liberté de la presse. Je ne sais pas ce qui est Charlie Hebdo, ce qui ne l'est pas. Mais pour moi "Je suis Charlie" signifie aujourd'hui "Je suis libre". C'est pour cela que je l'ai posté ici.

Charb dessinait pour Le Petit Quotidien, Wolinski dans Paris Match, Cabu pour Le Canard Enchaîné et habitait Saint-Germain des Prés, etc. Ce n'est absolument pas une critique, mais juste pour dire que ces dessinateurs étaient certainement des êtres plus complexes que l'image simplificatrice que l'on tente de dépeindre actuellement. Ils n'étaient pas que cette joyeuse bande d'anars qui tournaient tout en dérision et ne respectaient rien ni personne. Ils étaient, comme tout un chacun, certainement des hommes complexes, avec leurs qualités, leurs défauts et leurs contradictions. Tomber dans l'hagiographie est simplificatreur, réducteur et inutile. Un attentat aurait lieu au siège de Minute ou du FN - dont je vomis les idées - il serait tout autant injustifié. 

Pour moi, aucune cause ne justifie la violence et le meurtre. Aucune. Un point, c'est tout.

Aucune cause ne justifie que l'on remette en cause notre droit le plus absolu, celui d'être libres.

Il y a d'autres victimes, plus anonymes, de ces attentats. Qui étaient au mauvais endroit, au mauvais moment, et sont mortes ou blessées en raison de leur profession et de leur religion. Ces morts sont tout aussi inadmissibles et ne doivent pas être oubliés même si la superposition des événements, et l'émotion provoquées par la première attaque les ont quelques peu relégués au second plan.

C'est ce qui me gène en lisant depuis deux jours les titres sur internet. Par exemple, sur la page d'accueil de Yahoo, on peut lire "L'hommage à Charlie Hebdo: marche républicaine à Paris". Plusieurs associations n'ont pas modifié leur appel à manifester suite aux deux autres attentats et ne parlent que de l'attaque contre l'hebdomadaire. Il en est de même pour les paneaux municipaux à Paris.  Pourtant, il ne doit pas y avoir de hiérarchisation. Toutes ces attaques sont inadmissibles. 

Noublions pas non plus les 2000 autres victimes de la haine assassinées par le groupe Boko Haram au Nigeria les mêmes jours;

La frénésie médiatique, le traitement plus émotionnel que réflexif de l'info au JT, et la récupération sont à mon avis inévitables mais ne doivent pas faire oublier l'élan de colère, d'indignation et de solidarité qui a traversé le monde entier.

J'ai longuement hésité à aller manifester aujourd'hui. Pour des raisons diverses, pas forcément très glorieuses, j'ai préféré rester chez moi travailler à ma thèse. Ce n'est pas parce que j'avais peur ou que je ne souhaitais pas cautionner la présence de dirigeants pour qui le mot de liberté reste un concept abstrait. Je n'avais, entre autres,pas le temps.

Si j'étais allée manifester, cela n'aurait pas été seulement en soutien à Charlie Hebdo et aux victimes des attentats, mais contre la terreur et pour la liberté. Pour la liberté d'être qui on est sans devoir se justifier, se cacher, s'excuser. Pour celle de dire, d'écrire ce que l'on veut. D'avoir une religion ou pas. D'aimer se moquer de la religion ou de se sentir gêné quand on s'en prend à nos convictions. Pour celle de rire et de ne pas rire. Il me semble que cela est partagé par de très nombreux manifestants aujourd'hui.

Espérons maintenant que cette unité perdure et que l'on ait le courage de bâtir ensemble un monde plus juste où chacun trouve sa place. Espérons que ces événements tragiques ne fassent pas le lit des extrêmes de tout bord et permettent de poser les questions nécessiares concernant le type de société dans lequel on souhaite vivre. Je le sais, c'est utopique mais c'est en visant haut que l'on arrive à gravir les  marches.

 Aujourd'hui, j'ai envie de garder cette image d'une France et même d'un monde unis et soudés. 

J'espère que cette image restera longtemps;

 

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Les joies de la thèse
  • Parce que ça dure des années (et on ne sait pas combien de temps), parce que ça occupe les 4/5 de temps de cerveau disponible, autant qu'il reste quelques souvenirs de ce long périple, qui mènera on ne sait où.
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